Vivre la pandémie….

Vivre la pandémie….

Pour être honnête, cela n’a pas beaucoup changé ma vie de tous les jours. A Paris  je reste à l’atelier toute la journée quoiqu’il arrive, la seule différence réside dans le fait que mon atelier s’est installé dans mon lieu de vie.

J’ai donc choisi une approche différente, d’être plus présente sur internet…

Cela fait des années de travail qui aboutissaient à des expositions personnelles, à des relations de confiance … Cette crise a comme pour beaucoup d’artistes visuels durement touché mes possibilités de vivre de mon art. J’ai donc choisi une approche différente, d’être plus présente sur internet, d’utiliser les réseaux sociaux, mon site, mes boutiques, mes expositions virtuelles. Lien direct, mon téléphone reste ouvert !
Mon objectif est maintenant de mettre en application de nouvelles idées de communication et de présentation de mon travail.

L’idée romantique héritée du 19ème siècle, pure légende urbaine, que les artistes sont plus inspirés et productifs en période de détresse, ou qu’ils sont en quelque sorte programmés pour retraduire et atténuer l’anxiété à travers leur travail (bien sûr cela dépend de la nature profonde de chaque individu) est une hérésie à l’heure de l’industrie artistique.

…comme une « journalisation » de mes émotions, d’une visualisation quotidienne de l’évolution de mes sentiments et de l’énergie qu’il m’a fallu reconstituér.

Comme beaucoup de mes ami.e.s et collègues il y a eu un moment de doutes, de stress, voir de panique, de confusion et de blocages créatifs. Le décès de mon père dû à la covid fut un électrochoc. Les circonstances si particulières de l’empêchement des rites d’adieux m’ont poussé à travailler un papier par jour dans un premier temps un « enso » traité par effacement «palimpseste », comme une « journalisation » de mes émotions, d’une visualisation quotidienne de l’évolution de mes sentiments et de l’énergie qu’il m’a fallu reconstituér. Cela m’a donné une sensation de normalité. L’art est la seule chose qui est toujours restée une constante dans ma vie à travers tous les  changements majeurs que j’ai rencontrés.

J’ai travaillé en utilisant le temps pour expérimenter à plus grande échelle tout en étant capable de réfléchir à ce qui a déjà été créé. Je considère cette période comme une période d’intimité, de recherches, faire des erreurs est un luxe pour un artiste pratiquant.

Les angoisses du quotidien

Au-delà de ces circonstances émotionnelles personnelles exceptionnelles, la capacité de créer de l’art se résume à un point de vue économique car pour beaucoup d’artistes la création se résume à “avez-vous la liberté financière d’être inspiré ?” Quand on a peur de ne pas pouvoir joindre les deux bouts, il est difficile de se concentrer sur le papier ou la toile.

…la création se résume à “avez-vous la liberté financière d’être inspiré ?

Cela n’implique pas le talent mais un problème plus grave: celui des besoins immédiats pour la survie. Avec la précarité que la situation induit, se loger, manger etc… comment garder un espace cérébral disponible pour la création ? Il n’y a pas de honte à donner la priorité à notre santé émotionnelle, mentale et physique par rapport à notre art, notre cerveau passe en mode combat. Nous ne nous sommes pas offert des vacances ! Ne pas céder à l’autocritique et les flagellations mentales pour ce “pas avoir créé” est important, il faut rester calme, se mettre la pression donne rarement en termes de création de bons résultats.

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Comments (2)

  • Quand on a peur de ne pas pouvoir joindre les deux bouts, il est difficile de se concentrer sur le papier ou la toile.
    Quels mots chere Mina! ca décrit exactement les inquiétudes des artistes qui ne sont pas des machines pour pouvoir se mettre au travail quand ils le décident. mais tu as en même temps trouvé un “way out” de création magnifique
    tu dis: “il faut rester calme, se mettre la pression donne rarement en termes de création de bons résultats.
    et ce sont tes merveilleux résultats artistiques que je vois tous les jours sur fb qui font du bien à regarder et s’inspirer la volonté. bonne continuation! amitiés !

    Répondre
    • La fibre artistique et le désir de la suivre est un “en comment” que nous connaissons d’où que nous soyons. Merci de ce très beau retour. A bientôt. Amitiés

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